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A la découverte de Budapest et de la Hongrie dans toutes leurs variétés !

Vues de Budapest - Hongrie

Le « lecsó» ou la ratatouille version magyare

Le « lecsó» ou  la ratatouille version magyare

Bon, alors  « Csapjunk bele a lecsóba! » : Le téléphone sonne, je réponds ; c’est mon voisin qui me dit « Viens, je fais du lecsó ! » Même après des années passées en Hongrie, je garde cette habitude française très ritualisée de l’invitation et, me dis-je intérieurement, je ne me vois pas téléphoner à un ami en disant : « Viens, je fais de la ratatouille ! » Mais quand on vit à Rome, il faut faire comme les Romains, j’accepte donc l’invitation. Je franchis la porte commune aux deux jardins. Il a installé son chaudron et m’attend un grand sourire aux lèvres. L’homme est grand, moustachu, franc, bedonnant, gourmand. Il a un je-ne-sais-quoi d’Obélix… Sur une table un bois, une vingtaine de  lecsopaprikas  de couleur jaune clair, des tomates, des oignons, du lard, de la graisse de porc, des saucisses debreceni et des virslis ... du sucre, un énorme pain à la croute dorée  et l’incontournable paprika doux en poudre. Cette mouture odorante que j’aime tant et qui relève tous les plats hongrois. Mon voisin aime la cuisine autant qu’il aime manger, c’est un Terrien comme moi. Les pieds dans la glaise et les yeux dans les étoiles. C’est d’ailleurs un des points forts de notre amitié.

Nous coupons les oignons en petits cubes, le lard aussi… les paprikas sont évidés de leurs trognons puis tranchés en lamelles, les tomates coupées en dés. Le lecsó, c’est le plat d’été des Hongrois, comme la ratatouille pour les Français… ( oui, il y a des légumes de saisons et donc de la cuisine de saison ;)) il allume le feu de bois sous le chaudron, met deux grosses cuillères à soupes de graisse puis des cubes de lard fumé… font légèrement griller les debreceni puis les retire du chaudron. Le gourmand se pourlèche les babines, sa gigantesque cuillère de bois à la main tel un maréchal menant la troupe au combat sûr de sa victoire.  Hors du feu il ajoute du paprika en poudre, pour faire un roux… puis viennent les lamelles de paprika, qui doivent tomber comme on dit en cuisine. L’odeur, que dis-je, le parfum embaume l’air du jardin… mon estomac gargouille déjà…

Puis les tomates rejoignent cette mélodie à laquelle elles donneront une note acide particulière  qui sera légèrement atténuée par les quelques pincées de sucre entrant aussi dans cette composition délicate. Le mélange bouillonne, réduit, le jaune et le rouge se mêlent comme de la lave en fusion au fond du chaudron…le plat est presque prêt, les saucisses rejoignent pour quelques minutes la lave devenue plus épaisse. C’est  enfin prêt ; je coupe de riches tranches de pain blanc qui sentent la levure fraiche pendant que mon voisin rempli à pleine louche des assiettes creuses. Il est heureux cet homme, cela se voit, transpire...  il est  fier aussi de montrer à son voisin français comment réaliser  un plat simple et gouteux avec deux ingrédients principaux et traditionnels. Nous posons nos derrières sur le banc de bois, partageons un fröccs (vin blanc coupé à l'eau gazeuse) puis je laisse le pain absorber le jus parfumé et me délecte du gout si particulier de ce plat qui  ensoleille les assiettes comme les cœurs.

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