Cadres & hors cadres au Lycée Français de Budapest - par Françoise Le Flohic

04/07/2015 15:18

CADRES & HORS CADRES

Et si on faisait une pause ?

Si on demandait à des adolescents de s’arrêter quelques instants pour prendre le temps de regarder un tableau de maitre, laisser leur imagination vagabonder, vivre la vie des personnages de l’époque, se mettre à la place de l’artiste, à la place des modèles qui ont posés, se téléporter dans des siècles passés, comprendre le contexte, l’histoire d’une œuvre.

C’est le pari fait par Mme Félicie de Gérando et Mr Eric Bailblé : faire vivre des tableaux de maitre à une classe de 4eme. A partir des périodes historiques couvertes par le programme d’Histoire, 6 œuvres phares de la peinture ont été choisies* ; chacune représentant un genre et un mouvement artistique afin de les familiariser à contextualiser leurs connaissances générales.

Pari OSÉ car le challenge est de taille: les INTERESSER ! Atteindre cette partie du cerveau qui leur permet de ressentir un sentiment de bien-être à la vue des proportions harmonieuses d’un tableau ou d‘une sculpture. Et je parle d’un cerveau d’adolescent et ses mystères…

Pari COMPLIQUÉ, un projet de 2 collègues sur une année scolaire et une mise en œuvre de plusieurs semaines : trouver un théâtre, une professionnelle, des costumes. A raison d’1h par mois ; Mme Félicie de Gérando en HDA (Histoire des Arts) leur a expliqué un mouvement artistique et analysé un tableau en le replaçant dans un environnement littéraire, musical et poétique.

Pari RISQUÉ. En 4h : motiver un groupe, les déplacer, les habiller en costumes d’époques, trouver les pauses, la mise en scène, les photographier.

Pari REUSSI !

Bien sûr les gestes étaient hésitants, les rires nerveux fusaient pour masquer la gêne, les sourires moqueurs s’allumaient sur les visages pour cacher qu’ils étaient bluffés par les costumes, et doucement ils se sont pris au jeu, ils sont devenus des chevaliers, des servantes, des paysannes, des dilatants, des artistes, des corps abandonnés sur un radeau.

Ils vous diront que je divague – ne les croyez pas, je les ai vus.

Je suis le témoin de ce tableau vivant du 21eme siècle

J’aurai aimé être un peintre qui vous aurait révélé le visage à la peau cristalline de Petra mis en valeur par le lin brut de sa robe, la lucidité du regard de Sandra perdu dans l’immensité de l’horizon à laquelle se destine son radeau, le dos fatigué du corps gracile de Sofie, le regard dur du chevalier Mathieu. J’entendais la mélodie sortir de la guitare de Murat et enfin, même si c’est ma fille et je sais qu’elle ne sait pas prier, j’ai senti la ferveur de son recueillement partagé avec Alexis.

Je salue l’acte pédagogique mis au service de la classe de 4eme A.

S’il pouvait retenir que l’art peut vraiment aider chacun de nous à vivre mieux et plus longtemps, c’est un pari GAGNÉ

Rendez-vous à l’exposition au 1er étage du LFB à partir du 16 juin 2015 et qui sera reprise début septembre comme exposition d’accueil pour la rentrée scolaire

Le photomontage a éte assuré par Mathieu Dabat

Francoise Le Flohic

Juin2015

* Fêtes Galantes / Watteau/ Les charmes de la vie

Le serment des Horaces/ David

Le radeau de la méduse / Géricault

L’Angélus / Millet (monde paysan)

La lavandière / Daumier (monde ouvrier)

Le Déjeuner sur l’herbe / Manet (la Bourgeoisie)

Cadres & hors cadres au Lycée Français de Budapest - par Françoise Le Flohic