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A la découverte de Budapest et de la Hongrie dans toutes leurs variétés !

Vues de Budapest - Hongrie

La situation des sections bilingues en Hongrie : lettre de Mme Körmendy, professeur de français et directrice de la Fondation franco-hongroise pour la jeunesse

Chers législateurs,

 

La Fondation franco-hongroise de la jeunesse existe depuis 1992, grâce au ministère et depuis sa fondation, elle envoie des lecteurs français natifs à des lycées bilingues. A l’heure actuelle, nos jeunes diplômés sont présents dans 8 lycées bilingues.

 

En tant que directrice de la Fondation, j’ai lu d’office la nouvelle proposition de loi relative à l’enseignement bilingue. A mon avis, de nombreux points de cette proposition soulèvent des problèmes.

 

1. DNL enseignables en langue étrangère

 

Certains ont déjà exprimé leurs inquiétudes par rapport au fait que l’histoire et les mathématiques ne peuvent plus être enseignées en tant que DNL. Par contre, on a moins évoqué comment il est important que déjà les élèves sortant du lycée puissent présenter et représenter l’identité, la culture et l’histoire hongroise devant des étrangers qui ne connaissent pas forcément ces domaines. Il n’est peut-être pas nécessaire d’expliquer que cela ne marche pas sans la connaissance de langues. Le fait que les jeunes hongrois puissent représenter l’identité et la culture hongroise est un avantage en soi. En plus, aujourd’hui une très grande partie des jeunes suivent une partie de leur cursus universitaire à l’étranger dans le cadre du programme Erasmus ou d’autres programmes, il est donc primordial qu’ils soient capables de représenter l’identité et la culture hongroise. En représentant nos valeurs à l’étranger, il est sûr que leur sentiment national ne sera pas altéré.

L’enseignement des mathématiquesen tant que DNL est évidemment une question clé dans le cadre de l’enseignement bilingue. Cette matière joue un rôle essentiel dans plusieurs domaines de l’enseignement supérieur et les jeunes ayant des connaissances linguistiques en la matière sont certainement plus opérationnels dans des projets de recherche internationaux. L’enseignement des autres matières pourrait rester facultatif dans l’enseignement bilingue.

Aucune des matières désignées en tant que DNL n’est obligatoire au baccalauréat. Ne craignez-vous pas que cela va inciter les jeunes qui voudraient s’inscrire à des lycées bilingues de ne pas s’y inscrire ? Il serait difficile d’imaginer que cette mesure ne mette pas en danger l’existence même des sections bilingues, étant donné qu’elle met un fardeau déraisonnable et disproportionné sur les élèves.

 

 

2. Le niveau requis (B2)

 

L’idée que tous les élèves aient le niveau B2 jusqu’à la fin de la 12eclasse est en soi pertinente.

En revanche, la mesure ne va pas forcément conduire à ce que chaque élève ait ce niveau. Dans ce cas -là, qu’est-ce que les chefs de section peuvent faire ? Devraient-ils virer avant le baccalauréat les enfants chez qui ce risque peut se présenter ? Et d’ailleurs, si un élève passe un baccalauréat bilingue avec toutes les exigences requises, il a automatiquement un examen de langue de niveau C1, ce qui signifie qu’il existe aujourd’hui aussi des mesures relatives au niveau. A votre avis, est-il possible que l’avenir d’un lycée dépende de la réussite à 100 % des élèves au baccalauréat ? Et qu’est-ce qui se passe si en un an, cette condition est remplie, mais pas dans l’année suivante ?

En prenant cet exemple, je souhaiterais juste illustrer plutôt que prescrire une condition pour 100% des élèves serait une exagération. Une éventuelle réussite ne signifierait pas l’augmentation du niveau, et d’après un éventuel échec, on ne peut pas tirer des conclusions relatives à l’insuffisance du niveau.

 

3. Les professeurs

 

Les professeurs natifs enseignant dans des sections bilingues enseignent surtout la langue et la civilisation, mais je connais des professeurs de DNL aussi (qui ont bien sûr la formation requise).

Outre les professeurs natifs, des collègues hongrois enseignent également des DNL.

A cet égard, la proposition de loi pose de nombreux problèmes. Une des pierres angulaires des programmes d’enseignement de langue dans l’UE est la promotion de l’enseignement des disciplines en langue cible, ainsi que la promotion des projets et activités internationaux pour les élèves. Est-ce qu’il y a un nombre suffisant de professeurs qui puissent enseigner des disciplines scientifiques en langue étrangère? Est-ce qu’on forme de tels professeurs ? La formation de professeurs de disciplines scientifiques ayant un niveau de langue maternelle en langue cible peut être un objectif à long terme, mais si les lycées bilingues cessent d’exister, comment les jeunes vont-ils atteindre un niveau leur permettant de participer à une formation de professeurs bilingue ?

 

Conclusion

Jusqu’à l’heure actuelle, l’enseignement bilingue en Hongrie servait de modèle pour les pays membres de l’UE. Les élèves sortant des lycées bilingues et ayant atteint en grande partie un niveau très élevé, ont été admis dans les meilleures universitésdu pays. Une grande partie d’entre eux travaillaient et travaillent dans l’administration publique, ils représentent le pays dans les organisations internationales et dans des entreprises mondiales.

 

En rendant impossible le fonctionnement de l’enseignement bilingue, on rejette ces valeurs.

 

L’enseignement de langues étrangères en Hongrie avait – et a toujours- un autre acquis de niveau européen, à savoir l’enseignement de langue précoce, qui fonctionnait avec grand succès en plusieurs langueset dans de nombreuses écoles, à partir de la 1èreclasse. Ce type d’enseignement est également menacé par le nouveau Programme scolaire nationalselon lequel uniquement l’anglais et l’allemand peut être choisi en tant que première langue étrangère et l’apprentissage de la deuxième langue étrangère ne peut être commencé qu’en 7e. Cela signifie que les élèves des 1e-4eclasses souhaitant apprendre plusieurs langues –non pas uniquement l’anglais et l’allemand- ne peuvent pas le faire à partir de la rentrée 2013.

 

L’école proposera donc beaucoup moins de possibilités permettant d’obtenir un niveau de langue élevé qu’auparavant, surtout dans le cas de « petites » langues.

 

Peut-être tout le monde est d’accord sur le fait qu’une langue étrangère est une valeur ajoutée : la connaissance d’une langue étrangère ne peut en aucun cas être considérée comme une perte.

Je dirais même que la connaissance d’une langue et culture étrangère reformule d’une façon positive le rapport avec la langue maternelle. La connaissance d’une langue étrangère est enrichissante et non pas appauvrissante, comme on peut parfois l’entendre dire.

 

Je vous demande de bien vouloir réfléchir aux directives et de changer votre position en prenant en considération les arguments professionnels. L’enseignement –dont l’enseignement bilingue – coûte de l’argent, on peut même dire qu’il est cher.

 

Abraham Lincoln a dit que si l’on considère que l’enseignement est cher, alors on n’a qu’à essayer l’ignorance.

A mon avis, il ne faut pas essayer.

 

 

Cordialement,

 

Dr. Mariann Körmendy

professeur de français

directrice de la Fondation franco-hongroise pour la jeunesse

Traduction : Linda Vadász

http://www.mfia.eu/accueil/bv000009.jpg

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Commenter cet article
M
<br /> DNL ?  quelle signification   Merci de me renseigner.    Mam<br />
Répondre
M
<br /> <br /> Disicpline Non Linguistique<br /> <br /> <br /> <br />